L’équation est connue : alors qu’il effectuait 83.000 interventions en 2003, le Sdis de Gironde en a mené 115.000 l’an dernier et devrait frôler la barre des 130.000 en 2018, soit un bond de +55 % quand, dans le même temps, son budget n’a augmenté que de 15 % pour atteindre 178 M€ en 2018. Le Sdis 33 chiffre ainsi le manque à gagner cumulé à 83 M€ sur la période 2002-2018, dont 12,8 M€ pour la seule année 2018. Les pompiers girondins sont donc en surchauffe et ont besoin de moyens supplémentaires pour faire face : au moins 7 M€ par an en 2019, 2020 et 2021.
270.000 habitants de plus en 16 ans
Les discussions pour réunir cette somme durent depuis la fin de l’année 2017 et doivent impérativement aboutir avant les bouclages des budgets primitifs 2019 qui interviendront dans quelques semaines. Mais elle se heurtent toujours à une difficulté légale : depuis 2002, la loi a en effet attribué au département la compétence et la charge financière du Sdis tout en figeant les contributions des communes et des intercommunalités (hors inflation). Le tout sans prendre en compte la dynamique démographique… ce qui constitue un oubli fâcheux dans un département qui a gagné 270.000 habitants en seize ans ! Pour contourner l’obstacle juridique, les élus locaux travaillent donc sur le scénario d’une convention fixant des « contributions volontaires » des 28 intercommunalités. Mais il reste à savoir qui va payer et combien.
Jean-Luc Gleyze, le président du conseil départemental et du Sdis 33, a donc réuni l’ensemble des intercommunalités de Gironde ce jeudi 11 octobre pour faire le point sur le schéma de financement proposé et les convaincre de revoir à la hausse leurs contributions respectives. « Mon objectif premier est le maintien de la qualité du service opérationnel et du réseau de casernes dans les territoires mais si personne ne joue le jeu, je prendrai les décisions qui s’imposent », a-t-il rappelé lors de la réunion qui a donné lieu à des échanges plutôt acerbes sur le montant que chacun sera amené à payer. Chaque commune et chaque intercommunalité souhaitant s’assurer qu’elle ne versera pas davantage qu’une autre.
Un plan de financement qui dépend de l’accord du préfet
En l’état, la répartition proposée par le Sdis pour l’année 2019 est la suivante :
- 2,9 M€ supplémentaires de la part du Département (dont 2M € en investissement),
- 3,5 M€ supplémentaires de la part de Bordeaux Métropole (dont 2 M€ en investissement),
- 1,29 M€ de la part des 27 autres intercommunalités girondines (dont 1 M€ en investissement).
Soit un total de 7.69 M€/an qui permettrait au Sdis 33 de bénéficier sur trois ans de 7 M€ supplémentaires en section de fonctionnement et de 15 M€ supplémentaires en section d’investissement. « L’enjeu n’est pas de rattraper en un an tout le retard accumulé en 16 ans d’inaction mais de poser un cadre et un pallier qui sera rediscuté chaque année », a précisé Jean-Luc Gleyze. Du côté de Bordeaux Métropole, le soutien à ce schéma semble peu ou prou acquis, à une difficulté près : « Sur le principe, la contribution de la métropole est acquise à condition que cela puisse se faire hors du contrat financier signé avec l’Etat », a confirmé Jean-Louis David, conseiller métropolitain et adjoint à la mairie de Bordeaux.
C’est en effet la dernière incertitude à lever : est-ce que cet effort financier pourra être comptabilisé en dehors de l’engagement de Bordeaux Métropole de ne pas augmenter ses dépenses de fonctionnement de plus de 1,35 % par an ? La balle est désormais dans le camp du préfet Didier Lallement. Alain Juppé et Jean-Luc Gleyze devraient lui adresser un courrier commun dans les prochains jours pour qu’il se positionne clairement sur cette question. Sachant que si le Département et Bordeaux Métropole approuvent cette convention, il est probable que les autres collectivités suivent.
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Le Sdis de Gironde en chiffres
Le Sdis 33 devrait opérer autour de 128.000 à 129.000 interventions en 2018, contre 115.000 l’an dernier. Sur toute l’année 2017, 247 jours ont connu plus de 300 interventions du Sdis en 24h. Ce chiffre est déjà de 255 jours depuis le 1er janvier et le seuil des 400 interventions a même été dépassé à soixante reprises. Le record absolu est intervenu lors des épisodes de grêle du 26 mai 2018 quand les pompiers ont dû intervenir plus de 800 fois en 24 heures dans tout le département. Pour faire face à ces enjeux, le Sdis compte 5.483 agents, dont 3.200 sapeurs pompiers volontaires, et un parc de 1.255 engins d’intervention. Entre 2002 et 2017, les interventions de secours à la personne ont bondi de +77,5 %. En moyenne, dix nouveaux habitants représentent une intervention supplémentaire chaque année.